Et les vétilles bostonnaient...
Encre de Chine
50 x 40 cm
Clef de lecture
Le titre évoque le caractère dérisoire de la parole, (assimilée à un vétille, chose insignifiante sur laquelle on ergote), faisant preuve d’insouciance (elle danse à la manière de la cigale ou des souris), pendant que le spectateur, dans le silence propice au recueillement, assiste à la révélation.
Au niveau de la composition de surface, un jeu de diagonales s’instaure, lequel nécessite un petit détour étymologique : le mot diagonale vient de dia- » qui traverse « , et de -gônia » angle » ou » coin « , dérivé de » genou » gonu : qui traverse, donc, deux angles non consécutifs. Une diagonale relie deux sommets opposés, deux origines. De là, découle toute une symbolique : linéarité spatio-temporelle et singularité initiale de deux univers placées en miroir. La feuille est alors conçue comme la fusion de deux zones triangulaires en expansion d’où naît l’Humain, l’éveil à cet état résidant dans le regard en perpendiculaire sur la Création.
Une première diagonale met en valeur l’orientation du visage et établit un lien avec une branche dont le prolongement se déploie dans l’imaginaire. La seconde diagonale unit une racine à l’autre branche majeure, matérialisant l’espace au-dessus duquel se dirige le regard, selon cette même orientation. L’assimilation du corps à la texture ligneuse est telle que ce sont les bras de l’arbre qui s’élèvent en prière. La direction qu’inspire le regard sous-tend l’ascension de l’âme et suffit à insuffler le mouvement dans l’apparente inertie du support, mouvement renforcé par la torsion même du tronc, laquelle évoque également le caractère douloureux de la métamorphose, de l’instant qui a motivé l’attitude de plénitude propice à l’élévation spirituelle.