Symphonie d'été

Les masques

Les narratifs

Thématique "Symphonie d'été"

Thématique du masque.

    L’absence de regard chez le personnage  » principal  » (souvent positionné au second plan), dévoile un élément majeur de lecture. En effet, parmi les expressions faciales, les yeux révèlent les réponses spontanées, alors que la partie inférieure du visage transmet les signaux culturellement hérités. De plus, la taille de la pupille indique le degré d’intérêt au sein de la communication. Ainsi, plus elle est dilatée, plus ce dernier s’accroît. Les personnages désincarnés, aux orbites vacantes, dénoncent la mise en scène de soi qui maquille le rapport au réel sous des poses séductrices, le masque social des apparences qui nuit à l’authenticité de la relation (cf notion de face work de Goffman). Ils traduisent donc la perte de la spontanéité au profit d’un plus grand contrôle de l’information intentionnelle à diffuser, ainsi qu’une attitude dégagée de toute responsabilité à l’égard des devoirs envers l’environnement et plus largement envers la vie.
L’accent est mis par ce biais sur la société du paraître et d’artifice dans laquelle l’homme sacrifie son existence au profit du plaisir immédiat inhérent au consumérisme.
Ces personnages sont le plus souvent accompagnés de masques  » étrangement  » dotés de regard, lesquels nous invitent à déplacer nos certitudes anthropomorphiques vers une perception plus élargie du monde ( la créativité n’existe-t-elle pas qu’au mépris de toutes frontières ?), une prise de conscience qui dépend souvent de l’ajustement aux représentants d’autres systèmes bio-culturels. L’homme n’échappe pas à la nature, si fort qu’il se croit.

    Parce que l’Humanité du monde sauvage est préférable à la sauvagerie de l’homme : Cette thématique, et plus spécialement celle du masque animalier, élargit le champ du visible, les pauvres limites derrière lesquelles la parole articulée, en donnant du monde une vision découpée réduite à son propre code, a isolé l’homme du reste de l’harmonie biologique. Car approcher le mystère de l’être humain ne peut faire l’impasse de le resituer dans la sphère du vivant, de l’intégrer dans cette vaste famille où nous sommes parents de diverses formes de vie, parfois inattendues comme, par exemple, les méduses, au même titre d’ailleurs que le condor est un proche du ver de terre.

Technique "Symphonie d'été"

Technique à la sanguine.

Origine

   Les Égyptiens l’employaient pour peindre dans les tombes et dessiner les hiéroglyphes. De même, les Romains s’en servaient pour leurs fresques. 
    Longtemps on y préféra le fusain en raison de sa moins grande fragilité, jusqu’à ce qu’apparaissent le fixatif en 1480. Léonard de Vinci s’intéressa beaucoup à cette technique : il est le premier à l’avoir employée seule. Face à la maîtrise du pigment qu’il obtint et à sa virtuosité, il fut bientôt suivi par Michel-Ange, Raphaël, Andrea del Sarto. D’autant que cette technique aussi bien que sa couleur chair, se prêtent particulièrement à la valorisation des corps et à la réalisation de nus idéalement nuancés (thème de prédilection de la Renaissance). 
Au XVIIIème, sa combinaison avec rehaut de craie sur papier de couleur sera très répandue chez Watteau, Fragonard, Boucher et Greuze.

Composition

    La sanguine est composée d’un mélange de pigments d’hématite ou oxyde de fer, de gomme agglutinante et de craie (la craie étant la plus pure des roches calcaires d’origine organique apparues au crétacée.) Elle se présente le plus souvent sous forme de bâtonnet ou de crayon mais on la trouve également en poudre. Comme l’aquarelle, elle peut-être diluée dans de l’eau pour l’obtention d’un lavis.

Attraits et inconvénients

   La sanguine permet de se détacher du trait pour dessiner des volumes modelés par l’ombre et la lumière. Autorisant des dégradés de tons très subtils, elle offre une grande diversité d’expressions enrichie par sa compatibilité avec fusain et craie que l’on appelle technique mixte ou à trois crayons, et qui a l’avantage de se situer entre peinture et dessin. 
L’estompage au doigt, en créant un contact tactile avec le support pour sculpter les formes du sujet, n’est pas sans évoquer, au niveau du ressenti créatif, la technique de la statuaire.

    Elle reste néanmoins un procédé d’expression artistique fragile qui nécessite l’utilisation d’un fixatif, une protection contre l’humidité et un travail essentiellement à main levée pour éviter l’effacement dû au frottements lors de l’élaboration du dessin.

    Bien sûr, nous ne confondons pas avec la calligraphie (=écriture des signes linguistiques). (Les unités des langues sont des signes, mais le signe n’est pas forcément linguistique : exemple : les panneaux routiers sont des signes non linguistiques). Le dessin, pourtant proche, y est écriture de symboles, voire d’indices, et doit être perçu comme signal, du moins de la même façon. La pensée retourne à l’univers des formes, subtile alliance de la signification avec son expression. 
Les signes non linguistiques du dessin (perçus par les organes sensoriels qui élaborent des messages chimiques cheminant par les nerfs jusqu’au cerveau, lequel traite l’influx nerveux), mettent en résonance la réalité non linguistique c’est-à-dire l’ineffable du vécu non socialisable. (L’existence d’une pensée sans langage n’étant plus à prouver. Parmi les expériences effectuées pour valider la thèse, une étude sur des jeunes enfants a mis en évidence la production de modèles sensori-moteurs sans médiation linguistique antérieurs à l’apprentissage de la langue maternelle).
La dimension graphique, comme la définit Jacques Bertin de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, est le langage de l’œil. Pour lui, les systèmes linéaires destinés à l’oreille s’opposent aux systèmes destinés à la perception visuelle qui utilisent un espace à deux dimensions, hors du temps et instantané.

Conclusion :

    L’image est la forme universelle de l’écriture, laquelle possède une origine iconique. N’est-il pas intéressant de constater que la mémoire de l’origine de l’écriture, outil de notre mémoire, se situe quelque part dans l’image, dans les éléments du monde préexistants à la parole et dont nous avons tirés des signes ? 
L’image apparaît aussi comme le seul support qui nous renseigne sur les civilisations englouties et vient suppléer la disparition des témoignages matériels façonnés en bois, cuir… tel est le cas pour les groupes sociaux vivant il y a 6000 ans en Libye et plus précisément sur le site préhistorique Wadi Zrêda dans le Sahara. Les parois rocheuses regorgent de gravures d’animaux très détaillées : nous pouvons par exemple y découvrir le musth de l’éléphant en rut. En effet, lorsqu’un éléphant est en musth (> extase en sanscrit), on observe un gonflement dermique autour d’une glande située au-dessus de l’arcade temporale qui sécrète un liquide visqueux colorant la peau en noir. Au niveau comportemental, le pachyderme devient agressif. Toutefois, certains mâles peuvent entamer une activité sexuelle sans musth. 
Cet art figuratif s’apparente à une écriture rupestre universelle à l’intention de destinataires planétaires futurs c’est-à-dire sans restriction de frontière aucune, ni physique, ni temporelle. 
    Une autre constatation présente un certain intérêt quant au statut unifiant du dessin-écriture comme porte ouverte sur la mémoire originelle : les écritures qui apparaissent dans quatre foyers culturels (Mésopotamie, Egypte, Chine et Mayas), possèdent des caractéristiques similaires : elles sont systèmes mixtes (logographique plus phonétique), et leurs signes sont polyphoniques. Ce qui signifie que dans quatre endroits différents du monde, l’écriture choisit une même forme pour se révéler à l’esprit de l’homme. Qu’il s’agisse d’une même prédisposition voire programmation génétique ( un peu comme l’innéité des facultés musicales), ou d’une inspiration identique, manifestation d’un souffle supérieur, n’est-ce pas la meilleure preuve que tout être humain plonge ses racines dans un même océan sémantique avec pour fonction de transmettre au monde, le message particulier dont chaque culture est le creuset et ainsi, tout en conservant son individualité, construire et s’unir dans une seule Humanité qui progresse sur la trame tissée par les richesses particulières ?
    Alors qu’attendons-nous pour broder sur la tapisserie de la Terre l’idéogramme du mot  » paix  » ?